Il
y a quelques mois, j’ouvrais ici une nouvelle rubrique « Rencontre avec
… », où je vous proposais de découvrir un auteur, un illustrateur, un
éditeur …
Après vous avoir présenté une
auteur, je vous propose de partir à la rencontre d’Enrick Barbillon et de
Carole Billiout, respectivement directeur de la publication, et rédactrice en
chef, du magazine Kezako Mundi, dont je vous parlais ici, en septembre dernier.
Merci à eux d’avoir répondu à mes
questions, pour que vous fassiez leur connaissance.
Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Enrick Barbillon : Je
suis psychologue social. J’exerce cette profession de plusieurs façons.
J’enseigne à l’Université et dans plusieurs écoles supérieures ; j’interviens
auprès d’entreprises ou d’association pour former les professionnels aux
problématiques humaines au travail ; enfin, j’interviens également dans
ces mêmes organisations en qualité de consultant. En plus de cette profession,
j’ai créé en 2007, une maison d’édition : Enrick B. Editions.
Carole Billiout :
Je suis juriste de formation. Je n’étais donc pas spécialement prédestinée à
devenir journaliste, mais par chance, une maison d’édition recherchait
justement une personne à la fois littéraire et ayant des connaissances
juridiques pour rendre le droit, la loi et l’actualité accessibles aux jeunes
âgés de 10 à 15 ans. Je me suis ainsi occupée du magazine Citoyen junior pendant 4 ans. C’était l’occasion idéale de joindre
ma passion pour l’écriture/la lecture (indissociables pour moi) et le
droit !
Qu’est-ce qui vous a amené à créer / à travailler pour Kezako Mundi ?
Quelles étaient vos envies et attentes ?
C. B. : Mon expérience au sein de la
rédaction de Citoyen junior m’a
confirmé mon attrait pour l’écriture et le monde de la presse et de l’édition.
Aussi, lorsque cette première immersion dans l’univers de la presse jeunesse
s’est terminée pour moi et qu’Enrick m’a proposé de créer un magazine de A à Z,
comment refuser de participer à cette toute nouvelle aventure !
E. B. : Le magazine Kezako Mundi a été créé
pour donner des clés de compréhension de la société à nos jeunes lecteurs. Tous
les jours, nous sommes confrontés à une multitude d’informations. Ces
informations vont très vite, sont peu creusées et l’arrivée de l’information
suivante chasse la précédente de telle sorte que l’on ne comprend pas toujours
très bien les tenants et les aboutissants ainsi que les enjeux de ce qui se
passe autour de nous.
Nous
avons souhaité créer un magazine s’adressant aux jeunes, avec une mise en page
graphique attractive, des illustrations leur étant destinées (et qui plaisent
aussi beaucoup aux parents), mais en essayant de traiter les sujets de société
sans chercher à les simplifier à outrance. Nous cherchons à rendre
compréhensible et intelligible les sujets que nous traitons sans toutefois les
dénaturer. Ce qui permet à nos lecteurs de mieux comprendre le monde environnant,
la société dans laquelle ils évoluent, de se forger leurs propres opinions
grâce à la mise en opposition de plusieurs points de vue sur un même sujet… et
ainsi de devenir des citoyens responsables, conscients des enjeux de société.
Pourquoi avoir choisi d’écrire pour les adolescents ?
E. B. : Les
adolescents sont dans une phase spécifique de leur développement les invitant à
se poser une multitude de questions. Nous avons souhaité nous adresser
directement à un public que l’on prend trop souvent encore pour des enfants,
mais qui se pose, pourtant, des questions d’adultes.
C. B. : Pour
nous, le propos devait être fouillé et en même temps accessible. Pour cela, se
mettre à la place des adolescents est idéal. Rendre intelligible des notions,
des principes, des questions complexes est un travail qui nous est apparu
d’emblée passionnant.
Quelle place pour Kezako dans la presse jeunesse ?
C. B. : Des
magazines fouillés existent pour cette tranche d’âge, mais ils sont souvent
spécialisés en sciences ou en Histoire par exemple. Nous souhaitions aborder
les questions de société sous un angle assez large, en puisant dans de
nombreuses disciplines : Histoire, droit, psychologie… Par rapport à
certains autres magazines pour ados, nous souhaitions aussi nous différencier
en proposant un contenu qui ne serait composé ni de brèves, ni d’articles à
connotation people.
Quel est le rôle de l’éditeur ? De la rédactrice en chef ?
E.B. : L’éditeur,
ou le responsable de la maison d’édition, dans notre cas, est aussi le
directeur de la rédaction, c’est-à-dire la personne responsable du contenu du
magazine. A ce titre, et de façon conjointe avec la directrice de la rédaction,
nous fixons la ligne éditoriale du magazine. Pour ma part, je relis aussi tous
les articles avant parution afin d’indiquer certaines corrections nécessaires
dans le respect de la ligne éditoriale. Par exemple, certains de nos auteurs
peuvent vouloir traiter certains articles de façon militante ou développer plus
un point de vue qu’un autre. Je cherche donc à être le garant de la ligne que
nous nous sommes fixés.
C. B. : Le
rôle d’une rédactrice en chef varie selon la taille de la structure. Dans tous
les cas, il s’agit de coordonner les activités des différents
collaborateurs : auteurs, illustrateurs, maquettiste… Pour Kezako mundi, comme nous sommes une
petite équipe, j’ai d’autres attributions que n’ont pas toujours les rédacteur(trice)s
en chef, entre autres, de la rédaction, des tâches de relecture, ponctuellement
la participation à des salons… Ce qui me plaît le plus dans ce métier, c’est le
fait de devoir sans cesse réfléchir à de nouvelles façons d’intéresser les
lecteurs aux questions qui agitent notre monde et d’être en contact avec des
personnes venues d’horizons très divers (auteurs, éditeurs, illustrateurs,
enseignants, lycéens, journalistes, attachés de presse, personnalités
politiques…).
Un regard sur la littérature en général ? La littérature de jeunesse, en
particulier ?
C. B. : Nous
avons dans le magazine une rubrique Kezako news dans laquelle nous recensons
notamment les ouvrages jeunesse qui s’adressent à nos lecteurs et qui traitent
de sujets de société. Aussi nous tenons-nous informés des ouvrages qui sortent,
des petites pépites ou O.V.N.I. littéraires proposés par les éditeurs jeunesse.
Ce domaine, allant de la petite
enfance à la littérature pour ados, est d’une richesse incroyable, tant
graphiquement qu’au niveau du contenu. C’est pour cette raison que nous avons à
cœur de partager avec nos lecteurs les sorties qui nous ont interpellés, nos
coups de cœur. Nous souhaitons aussi par ce biais leur montrer à quel point
lire peut être enrichissant, plaisant et en aucun cas rébarbatif ! Nous
avons même organisé en 2016 le prix Kezako de la littérature jeunesse afin de
mettre en avant le travail des éditeurs, auteurs et illustrateurs jeunesse.
Ici on aime parler du« local», de la Touraine. Si je vous dis Région
Centre Val de Loire / Touraine. Ça vous parle ? Que cela vous évoque-t-il
pour vous ?
E.B. : La région
centre m’évoque mon enfance, dans le Loir-et-Cher, d’abord à Villefranche-sur-Cher,
où j’ai grandi jusqu’à mes 12 ans, puis à Romorantin où je suis allé au collège
(Maurice Genevoix) et au Lycée (Claude de France).
La Touraine correspond à la suite
de mon histoire personnelle : l’entrée en faculté de psychologie aux
Tanneurs, la vielle ville, les soirées étudiantes, des rencontres formidables,
des amitiés fortes.
Aujourd’hui je vis à Paris et je
regarde mon enfance, mon adolescence et ma vie de jeune adulte en région Centre
parfois avec nostalgie. Cette région est extrêmement riche culturellement. Je
pense à Descartes, Rabelais, Genevoix, Ronsard, Balzac, Anatole France, mais
aussi à la gastronomie, à l’architecture formidable.
C. B. : Cette
région me parle et pour cause, j’en suis originaire et, bien que je l’aie
quittée il y a de nombreuses années, j’y reste très attachée. J’ai effectué une
partie de mes études à Tours, une ville dynamique culturellement parlant et
avec, entre autres, de très belles librairies ! Et aux alentours, des
éditeurs jeunesse avec des productions originales et attrayantes.
Encore MERCI à eux.
Et rendez-vous très bientôt pour
de nouvelles rencontres.
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